Déclaration de Skhirat

«Initiative pour une Communauté Atlantique»


Nous, les participants au deuxième Forum de Skhirat, réunis les 30 Novembre et 1er Décembre 2012, pour une réflexion commune sur l’« Initiative pour une Communauté Atlantique », réitérons l’analyse et les conclusions de l’Appel de Skhirat du 30 Mai 2009, adoptées dans le cadre de la vision « Maroc 2030 ».



Déclaration de Skhirat
1.      Nous confirmons que :

-       Le caractère systémique de la crise économique est illustré davantage  par la crise des dettes souveraines dans la zone euro. Celle-ci hypothèque désormais les perspectives de relance de la croissance aussi bien au niveau des membres de  l’Union Européenne que de ses voisins.

-       Il est prématuré d’évaluer les changements politiques intervenus sur la rive sud de la Méditerranée, tant dans leur soutenabilité institutionnelle que dans leur capacité à apporter les solutions idoines aux besoins en développement humain des populations concernées.

-       Les doutes exprimés par certains grands acteurs, quant à la pertinence d’une démarche atlantique collective, se muent progressivement en un intérêt qu’il convient de transformer en contributions effectives aux réflexions et actions en cours.

La dégradation de la situation sécuritaire au Sahel interpelle les acteurs de l’Espace Atlantique comme ceux du Bassin méditerranéen Occidental pour des mesures concertées sur la base d’une responsabilité collective.

-       Les axes identifiés en 2009 demeurent prioritaires  qu’il s’agisse de la sécurité alimentaire ou énergétique, de la mobilité humaine ou du partage de la connaissance. Ces priorités stratégiques devraient tenir compte des travaux internationaux en cours  sur les tendances globales 2030 de manière à associer plus d’acteurs atlantiques à leur identification et à leur appropriation collective.

A cet égard, il apparait que les dynamiques portées par les clusters maritimes sont porteuses d’innovation et de créativité dans l’Espace Atlantique, ouvrant la voie à une approche « De la Mer vers la Terre » plutôt que de la terre vers la mer.

2.     Nous déclarons qu’une Communauté Atlantique  serait le cadre idéal pour  une gouvernance nouvelle qui associe les acteurs non-gouvernementaux notamment l’entreprise, la société civile, en particulier les associations des femmes et des jeunes, à la formulation et à la mise en œuvre de politiques concertées dans les axes prioritaires  proposés. Ces politiques doivent être conçues dans le contexte d’une approche qui remet l’Homme au centre des préoccupations communes et qui revisite les paradigmes du développement.

3.     Cette gouvernance collective nouvelle ne doit aucunement se fonder sur de nouvelles institutions qui viendraient renforcer les bureaucraties multilatérales, mais :

-       recourir à des méthodes de collaboration et de partenariat en densifiant la surveillance mutuelle des politiques ainsi que la planification et l’évaluation stratégiques.

-       renforcer le contrôle démocratique des politiques communes à travers l’implication des Parlements et une plus grande participation des collectivités territoriales. Dans ce cadre, le respect de la diversité culturelle renforce les liens de proximité et le sentiment d’appartenance à une Communauté Atlantique.

Pour donner à cette gouvernance un contenu plus concret, nous proposons :

                                                             i.      L’implication des Banques Centrales de l’Espace  Atlantique  réunies à l’occasion des assemblées du FMI et de la Banque Mondiale. Ces conclaves devraient faciliter la prise de décisions à l’échelon mondial en vue de la relance de la croissance sur la base d’un renforcement de l’interdépendance et de la responsabilité partagée.

                                                            ii.      La création de groupes atlantiques de concertation et de consultations informelles :

a.     au sein des organismes de l’ONU et notamment la FAO, le PAM, le FIDA, en ce qui concerne la sécurité alimentaire.

b.      avec les Banques régionales de Développement et institutions similaires opérant dans l’Espace Atlantique.

                                                        iii.      La réunion d’une Conférence sur la sécurité énergétique dans le prolongement de RIO + 20.

                                                         iv.      La mise en place d’un mécanisme de concertation multilatérale pour une appropriation collective de l’économie de la connaissance, basée sur les principes de l’objectif 2020 de la Commission Européenne.

                                                             v.      La convocation d’une conférence sur la sécurité humaine dans l’Espace Atlantique pour remédier aux vulnérabilités collectives de basse intensité et créer un cadre de coresponsabilité.

4.     La feuille de route suivante permettra une programmation efficace des initiatives  pour les deux prochaines années, focalisées sur :

-       La création de réseaux atlantiques de jeunes entrepreneurs, d’historiens et d’économistes,

-       L’économie maritime, l’énergie, l’alimentation-agriculture et la sécurité.

5.     Les progrès réalisés dans la mise en œuvre de ces initiatives seront évalués lors de la tenue de la Conférence Skhirat III en 2014

6.     Nous félicitons le Maroc d’avoir accepté et pourvu à l’activation d’une structure de suivi de  « l’Initiative pour une Communauté Atlantique »  dans le cadre d’un partenariat avec le BEPA, et confirmons l’importance qui s’attache à collaborer avec ce point focal mis en place au sein du HCP

7.     Nous tenons à exprimer notre gratitude à Sa Majesté le Roi Mohammed VI pour  Son Haut Patronage  et nos remerciements au HCP pour la qualité de l’organisation du deuxième Forum International, une fois de plus marquée par l’hospitalité du peuple marocain.

Skhirat, 1er Décembre 2012.

 


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